Le Cahier vert

LE CAHIER VERT

Il est devenu traditionnel de rattacher le Cahier vert de M. de Guérin à la famille littéraire des «journaux intimes», et c’est, du reste, l’attention particulière portée aux journaux intimes qui a suscité, durant ces dernières décennies, une curiosité nouvelle de la critique à l’égard de l’oeuvre guérinienne.

Aucun titre, à vrai dire, ne figure dans le manuscrit autographe du Cahier vert. Nous savons seulement que M. de Guérin désignait plutôt sous le nom de «Cahier», ou de «Cahier vert», ce manuscrit qu’il devait, un jour de 1836, confier à son ami Paul Quemper. C’est d’ailleurs, et exclusivement, le mot «cahier» qui revient sous sa plume tout au long du texte (cf. 3 mars 1833, 20 janvier 1834, 24 janvier 1834, 20 avril 1834), et c’est aussi de “cahier” que parle Barbey d’Aurevilly dans sa lettre à Trébutien du 7 décembre 1853: …. «Le grand Cahier vert que Guérin appelait  plus spécialement son Cahier «Cahier» donc, plutôt que «journal», et plutôt surtout que «journal intime»… Du journal intime le Cahier vert n’a pas, en rigueur de termes, les deux caractéristiques essentielles : la quotidienneté de l’écriture, et l’«intimité» d’une confidence de soi à soi excluant l’intervention de tout autre lecteur que le «diariste» lui-même. Un simple regard sur la chronologie du Cahier vert suffit à convaincre du caractère sporadique et des intermittences de l’écriture dans la suite des jours, — intermittences, du reste, maintes fois constatées par l’auteur lui-même, notamment au cours de l’année 1833 qui marque pourtant la période la plus assidue, si l’on peut-dire, de son écriture.