Érembert de GUÉRIN

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     Louis, Anselme, Érembert de Guérin est né au Cayla le 24 janvier 1803. Il était le fils aîné de Jean Guillaume, Joseph et de Victoire, Jeanne, Gertrude Fontanilles, son épouse, jeunes mariés de l’an d’avant (ler février 1802). Joseph avait alors 25 ans, Gertrude 27.
     Sept ans après Érembert, le 4 août 1810, naissait le second garçon de la famille, Maurice. La différence de traitement entre les deux garçons n’est qu’apparente. Tout au moins, au début. Joseph de Guérin assura à chacun de ses deux fils la même instruction.
     Tandis que Maurice achevait ses humanités au Collège Stanislas, à Paris, en 1825, son frère, à Toulouse, faisait sa troisième année de droit. Malheureusement, les espoirs que Joseph de Guérin fondait sur lui ne se réalisèrent pas. Quels étaient ces espoirs? Quelle faute Érembert commit-il qui permit des « arrangements de famille » dont il ne fut pas instruit ? Nous ne le savons pas exactement. L’emploi qu’il obtint, en 1827, de vérificateur des poids et mesures à Gaillac, était sans doute honorable, mais peut-être pas assez dans le sens que Joseph de Guérin donnait à ce mot.
     La Révolution de 1830 n’était pas loin qui laissa Érembert « sans poids ni mesures », selon le mot d’Eugénie, malgré la protection du vicomte Decazes, alors préfet du Tarn, pour le maintenir en fonctions. Et notre ex-vérificateur réintégra le Cayla pour toujours. N’était-ce pas ce qu’il avait voulu ? Érembert révoqué, il était naturel qu’il revint au Cayla. Son père ne pouvait rien invoquer contre un retour qu’il eût exigé pour que son fils ne servit pas Louis-Philippe.
     Au Cayla, Érembert supplée son père quand celui-ci voyage (jamais bien loin) ou est souffrant. Mais il mène aussi une belle vie mondaine. Dans toutes les lettres qu’elle écrit aux uns et aux autres, Eugénie ne manque pas de noter que son frère est ici ou là, qu’il chasse ou qu’il danse.
     De son côté, Joseph de Guérin constate que les espoirs qu’il avait, tour à tour, fondés sur les situations rémunératrices de ses fils, s’étaient, tour à tour, envolés. On ne pouvait pas rester éternellement dans une apparente incertitude du lendemain. La solution ne pouvait plus être trouvée que dans l’entrée au Cayla d’une héritière. En 1833, Eugénie parle volontiers de Melle de Laportalière, mais Érembert était beaucoup plus occupé par l’Afrique : tous ses amis se faisaient Africains, en Algérie en particulier. Érembert était tenté d’en faire autant, mais ce n’était qu’une velléité, l’argent du voyage faisant défaut !
     Et le temps passe. En 1836, l’activité marieuse est intense. Dès janvier, le père et Eugénie pensent qu’il faut s’en occuper sérieusement. Ils tiennent conseil ; Marie a voix consultative. Quant à l’intéressé, il se résigne; il fera ce qui aura été décidé. On passe en revue les jeunes filles à marier dont on connaît les parents, la parenté et la fortune. On ne peut prendre au Cayla n’importe qui et encore faut-il que la personne élue soit assez souple pour accepter de perdre sa personnalité et de prendre celle de la famille Guérin. Deux noms étaient retenus : Gabrielle de Bellerive, amie d’Eugénie et Louise de Bayne, l’amie des montagnes, l’héroïne du premier amour de Maurice !! Mais ni l’une ni l’autre n’acceptèrent, ne voulant pas vivre à la campagne. L’une comme l’autre rêvaient d’une vie mondaine que la fortune d’Érembert ne pouvait leur offrir.
     Et le temps passe encore. Le 19 juillet 1840, premier anniversaire de la mort de Maurice, Érembert affirmait « Si mon frère eut vécu, je n’aurai jamais pensé à me marier ».
     Enfin, le 18 avril 1842, à Castelnau-de-Montmiral, Érembert épousait Anaïs Boudet, plus jeune que lui de dix-sept ans, fille de Jacques Boudet, propriétaire à Montmiral, et de Marie de Tonnac-Villeneuve. Les documents publiés sont muets sur l’apport d’Anaïs Boudet au Cayla, en dehors de sa jeunesse et de sa santé. Alors qu’à l’âge de 17 ans, Anaïs avait failli perdre la vue, le médecin homéopathe albigeois qui la soignait, dut obtenir de bons résultats puisqu’elle vécut jusqu’à 88 ans et qu’elle ne nous est pas signalée comme ayant jamais perdu l’usage de ses yeux.
     Cependant, le mariage d’Érembert ne fut pas heureux dans ce sens que si, en huit ans, il eut cinq enfants : une seule survécut, Caroline, les autres moururent en bas âge :
Marie-Joséphine-Gertrude (19 août 1843, † 18 mars 1844)
Marie-Eugénie-Caroline (23 fev. 1845, † Le Grès, 29 fev. 1916)
Louise-Marie-Gertrude (1er juillet 1847, † 12 sept. 1849)
Joseph-François-Albert-Maurice (31 mars 1849, † 7 sept. 1849)
Eugène-Joseph-Bernard-Vincent (5 août 1850, † 15 mars 1851)
     Érembert décède au Cayla, le 16 décembre 1850, à l’âge de 47 ans. Son épouse décédera au Cayla le 1er mars 1908.
     Cet article est extrait en grande partie de la communication faite par M. André Boussac, publiée dans le n° 187 de L’Amitié Guérinienne.

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